Quand on parle des Ă©missions de COâe liĂ©es Ă lâĂ©levage bovin et que lâon recommande de rĂ©duire notre consommation de viande rouge, les arguments du boeuf zĂ©ro carbone et du rĂŽle essentiel des prairies sont mis en avant.
Alors, on a creusĂ© la question, on sâest arrachĂ© les cheveux⊠đ et on a compris que :
â Les prairies permanentes sont importantes : elles abritent un stock de carbone important et jouent un rĂŽle clĂ© pour la biodiversitĂ©, lâeau etc.
â Il nây a pas de bĆuf zĂ©ro carbone : les prairies capturent du COâe, mais pas suffisamment pour compenser le mĂ©thane issu de la rumination.
đ Le scĂ©nario idĂ©al - mais qui reste trĂšs virtuel pour le moment : Moins dâĂ©levage, recentrĂ© sur les prairies permanentes et des animaux qui fourniraient lait et viande.
Les recommandation pour les consommateurs sont donc de :
đ„© RĂ©duire notre consommation de viande rouge
đ„ PrivilĂ©gier les produits laitiers Ă la viande rouge
âïž Choisir ces produits issus dâĂ©levages sur prairies.
On vous explique đ
âïž Les prairies sont prĂ©cieuses
Elles jouent un rÎle écologique majeur, mais toutes ne se valent pas.
đ€ Il existe deux types de prairies : les prairies permanentes, implantĂ©es depuis des dizaines dâannĂ©es et les prairies temporaires, semĂ©es pour quelques annĂ©es, qui sont plus productives mais souvent cultivĂ©es de façon plus intensive (labour, semis, fertilisation, fauches etc).
Ces caractĂ©ristiques ainsi que la conduite des troupeaux (densitĂ© dâanimaux, durĂ©e de pĂąturage etc.) font que toutes les prairies ne prĂ©sentent pas les mĂȘmes avantages environnementaux.
đȘš Un puits de carbone⊠fragile
Une prairie stocke en moyenne 1,6 fois plus de carbone quâune surface cultivĂ©e mais son retournement relargue le carbone piĂ©gĂ© (đ les prairies temporaires).
đ Un rĂ©servoir de biodiversitĂ©
Les prairies permanentes (et dans une moindre mesure les temporaires) abritent une grande diversitĂ© vĂ©gĂ©tale, microbienne et animale (dont des pollinisateurs), favorisĂ©e par lâĂ©levage.
đ§ïž Un rĂŽle dans le cycle de lâeau
Elles ralentissent lâĂ©coulement des eaux de surface et favorisent leur infiltration dans le sol.
â ïž Une densitĂ© dâanimaux trop importante a un impact nĂ©gatif sur la biodiversitĂ© et contribue Ă la pollution des nappes phrĂ©atiques (azote et phosphore).
đź Lâillusion du boeuf neutre en COâe
On entend parfois quâun Ă©levage extensif, oĂč les troupeaux se dĂ©placent comme les grands herbivores sauvages, serait climatiquement neutre.
Mais, si ce mode dâĂ©levage amĂ©liore sans conteste la santĂ© des sols, la biodiversitĂ© et la capture du COâe par le sol, elle ne suffit pas, sauf cas trĂšs rares, Ă compenser le mĂ©thane Ă©mis par la rumination, qui a un pouvoir rĂ©chauffant 28 fois supĂ©rieur Ă celui du COâe. MĂȘme avec des optimisations, pour lâinstant au stade expĂ©rimental, qui viseraient Ă diminuer ces Ă©missions (de 20 Ă 50%) via la conduite des troupeaux, la sĂ©lection gĂ©nĂ©tique et des complĂ©ments alimentaires, le systĂšme resterait la majoritĂ© du temps Ă©metteur.
đ Quel avenir pour lâĂ©levage ?
Les experts de la profession sâaccordent sur des scĂ©narios avec moins dâĂ©levage et un retour Ă lâherbe.
En France, ces scénarios se traduisent par :
âĄïž Une rĂ©duction de 50 % du cheptel pour limiter les Ă©missions.
âĄïž Un recentrage de lâĂ©levage sur les prairies permanentes, avec des animaux valorisĂ©s pour le lait et la viande.
âĄïž Sortir des systĂšmes intensifs, dĂ©pendants du maĂŻs ensilage et du soja importĂ©, qui contribue Ă la dĂ©forestation.
đ Peut-on encore manger du boeuf en tant que consommateur ?
MĂȘme issu dâun Ă©levage plus âvertueuxâ, le boeuf reste un aliment Ă forte empreinte carbone et doit donc ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un produit dâexception.
Deux recommandations, cependant, pour limiter lâimpact de notre consommation :
đ„© RĂ©duire autant que possible la viande rouge et si on en consomme la choisir dâorigine đ«đ· et Ă©levĂ©e Ă lâherbe âïž. Aujourdâhui, un quart de la viande bovine consommĂ©e en France est importĂ©e (et souvent de qualitĂ© environnementale mĂ©diocre đ).
đ„đ§ PrivilĂ©gier les produits laitiers plutĂŽt que la viande rouge car ils ont un meilleur rendement protĂ©ique. LĂ aussi, choisir des produits issus dâĂ©levages Ă lâherbe permet non seulement de soutenir cette transition, mais ils sont en plus une excellente source d'omĂ©ga 3, dont notre alimentation est fortement dĂ©ficitaire.
đ Les labels AB (bio, origine France) et Bleu Blanc CĆur ou le Planet score, qui commence Ă apparaĂźtre en magasins, peuvent nous aider Ă choisir des produits plus respectueux de lâenvironnement.
Bonjour,
Je vous suggĂšre de lire le livre "Restoration agriculture" de Mark Shephard.
Si l'on intÚgre l'agro-sylvo-pastoralisme dans le travail avec les animaux qui nous nourrissent, on avance dans la direction de recréer les écosystÚmes qui étaient cultivés il y 500 ans ici. Des savannes de marroniers vivaient en symbiose avec les hordes de bisons. On intÚgre l'agriculture de restoration, et des pratiques régénératives et on crée de multiples productions (noix, arbres (pour plusieurs usages), et on sort de pratiques monoculturelles pour soutenir une culture de la régénération de notre lien avec le vivant.
Pierre ... développeur régénératif
Merci pour ces infos super intéressantes ! C'est une question que je me posais, donc merci d'y avoir répondu.
Pourriez-vous également partager des données sur le boeuf non-vertueux (= issu d'élevages industriels) ?
Au niveau mondial, la production de viande de boeuf se fait quand mĂȘme majoritairement de façon intensive, non ? (la France Ă©tant Ă ce niveau une des exceptions). Merci !