Polluants éternels - mode d’emploi pour consommateur averti
Une trentaine de médias européens ont publié une grande enquête sur le sujet et la lecture en est vertigineuse : les polluants éternels ou PFAS (à prononcer “pi-fasses”), sont extrêmement polluants et dangereux. Et éliminer tous ceux qui ont déjà été produits et disséminés dans l’environnement coûterait une fortune…
Décryptage :
🧪 Les PFAS, c’est quoi ?
Une famille de plus de 10 000 composés chimiques aux propriétés très recherchées par l’industrie : Anti-adhésives, imperméabilisantes, anti-taches, résistantes aux fortes chaleurs, ces substances sont d’une persistance extrême dans l’environnement - aucune bactérie ni aucun phénomène météorologique ne les dégrade - et d’une mobilité remarquable. Ils sont ainsi disséminés et s’accumulent partout : l’eau, l’air, le sol et… les êtres vivants.
⚠️ Un risque pour la santé
Les PFAS présentent des risques graves pour la santé. De nombreuses publications scientifiques ont montré leur lien avec des cancers (sein, rein, testicules), maladies thyroïdiennes, lésions au foie, infertilité, diabète, cholestérol…
💨 Comment y sommes-nous exposés ?
Les populations les plus exposées sont les travailleurs des usines qui les fabriquent ou les utilisent, les pompiers (qui manipulent les mousses anti-incendie), et les riverains de sites contaminés (voir la carte).
Pour la population générale l’exposition se fait principalement via l’alimentation (poissons, abats, certains fruits) et l’eau de boisson. Le contact avec l’air, la poussière (en particulier pour les jeunes enfants) et les produits de consommation qui en contiennent (ou emballés dans des matériaux qui en contiennent) viennent ensuite.
⛔ Sont-ils interdits ?
Sur plus de 10 000 substances, seulement 3 sont interdites au niveau international (PFOS, PFOA et PFHxS).
En France, un projet de loi sur lequel les députés doivent se prononcer le 20 février, vise à interdire, à partir du 1er janvier 2026, l’ensemble de la famille des PFAS dans la fabrication, l’importation, l’exportation et la mise sur le marché des produits suivants: cosmétiques, farts, vêtements, chaussures et leurs imperméabilisants (les ustensiles de cuisine ont été retirés du texte de loi !). Le texte rend également obligatoire la détection des PFAS dans l’eau potable sur tout le territoire.
Au niveau Européen, 5 pays (Allemagne, Danemark, Norvège, Pays-Bas et Suède) ont également proposé un projet de régulation de toute la famille des PFAS, qui viserait à interdire la fabrication, l’utilisation et la mise sur le marché de produits contenant ces molécules en UE. Ce projet, soutenu par la France, est en cours de discussion et d’évaluation par l’ECHA (European Chemicals Agency).
💡 Peut-on limiter notre exposition ?
Seules des mesures collectives à grande échelle peuvent avoir un réel impact sur la contamination généralisée de notre environnement. Il est néanmoins possible de limiter son exposition en réduisant ses apports par l’alimentation et l’eau notamment (mais ces mesures ne réduiront pas la charge corporelle déjà accumulée).
🌱 Réduire la consommation de poisson, abats et certains fruits particulièrement contaminés (comme les fraises, abricots, raisin etc.).
Consommer des fruits et légumes bio ne garantit pas l'absence de PFAS, car ils peuvent être contaminés par l’environnement dans lequel ils ont poussé (sol, air, eau) mais cela limite l'exposition à certains PFAS, résidus de pesticides.
🚰 Pour l’eau, il n’existe pas de solution parfaite. Certains filtres ou carafes filtrantes éliminent une bonne partie des PFAS mais pour les plus petites molécules (comme le TFA), seul un filtre à Osmose inversée (coûteux et très énergivore) pourra fonctionner. Si vous êtes dans une région très exposée (voir carte ci-dessus) cela peut être un investissement à considérer. Plus de détails dans cet article de Vert.
🍳 Éviter les ustensiles de cuisine (poêles anti-adhésives notamment) contenant des PFAS
📦 Limiter les emballages alimentaires à usage unique
💨 Aérer et passer l’aspirateur régulièrement permet de réduire l’exposition aux PFAS présents dans l’air intérieur. Émis par les meubles, tapis, textiles et peintures, ces polluants s’accumulent dans la poussière domestique. Une bonne ventilation quotidienne aide à limiter leur concentration. Un geste important pour protéger les jeunes enfants, qui jouent au sol, portent les objets à la bouche et sont donc particulièrement exposés.
👕 Choisir des vêtements sans PFAS…( The Good Goods a répertorié ici les marques qui n’utilisent pas de PFAS.)
🧴…et ses cosmétiques et produits d’hygiène avec soin. Opter pour des cosmétiques avec un label bio ou écologique (qui interdit l’utilisation de PFAS) comme Cosmébio, l’Écolabel européen, Ecocert ou encore Nature & Progrès ou à défaut lire les étiquettes (liste des 35 types de PFAS les plus couramment utilisés dans les cosmétiques).
Ces informations peuvent être très anxiogènes. Alors, pour finir, deux conseils un peu généraux :
1️⃣ - Bien entendu, passer à l’action en suivant quelques-unes des recommandations et en sensibilisant votre entourage - ce sont les meilleurs remèdes pour être efficace et canaliser son anxiété 💪.
2️⃣ - Garder en tête que, même si les impacts sur la santé font peur, nous vivons globalement en meilleure santé qu’il y a un siècle 💚